La résidence située au 148, rang Saint-Édouard aurait été bâtie vers 1810. L’ordonnance régulière de ses ouvertures, la symétrie de la composition de la façade et la lucarne pignon rattachent cette demeure au courant palladien. Originaire de Grande-Bretagne, ce courant constitue la première manifestation du néoclassicisme au Québec. La maison se compose d’un corps de logis de plan rectangulaire à un étage et demi, d’une toiture à deux versants droits, d’un porche surmonté d’un balcon, d’une lucarne pignon et de cheminées disposées symétriquement aux extrémités du toit.

La propriété conserve tous ses éléments originaux et aucune addition ne nuit à la lecture du volume original. Elle possède une structure de pierre à moellons laissée apparente. La maçonnerie qui ne présente aucune détérioration est dite grasse, car les moellons sont noyés dans un mortier de chaux. Le secteur de Saint-Athanase compte très peu de structures semblables. Les murs ont un léger fruit – diminution de l’épaisseur des murs à leur sommet pour des raisons techniques. La lucarne pignon comporte un lambris de bois. Les portes à panneaux et les fenêtres à battants à grands carreaux ont été préservées. De la tôle recouvre la toiture. Le programme décoratif des résidences palladiennes est sobre et élégant. Il comprend d’abord des chambranles autour des ouvertures, une corniche moulurée, des retours de l’avant-toit sur les façades latérales, des colonnes ouvragées et des aisseliers.

La propriété du rang Saint-Édouard possède une valeur patrimoniale exceptionnelle. Il s’agit du plus ancien bâtiment de la région et du seul exemple d’architecture palladienne du secteur. La demeure démontre la pénétration des modes architecturales anglaises dans la campagne québécoise au lendemain de la Conquête. Elle possède une remarquable intégrité matérielle et formelle.