La résidence sise au 715, boulevard Saint-Luc aurait été bâtie vers 1810. Il s’agit d’une maison traditionnelle québécoise. Elle comporte une certaine influence néoclassique en ce qui a trait à l’ordonnance des fenêtres, à la symétrie des souches de cheminées et aux proportions du corps de logis. Le courant néoclassique marque profondément l’architecture des cottages rustiques au XIXe siècle, et il contribue à la redéfinition de la maison dite québécoise. La demeure du boulevard Saint-Luc se compose d’un corps de logis de plan rectangulaire à un étage et demi, d’une haute toiture à deux versants recourbés et d’une galerie en façade.
La résidence du boulevard Saint-Luc se classe parmi les plus intéressants monuments du secteur. Elle conserve tous ses éléments originaux. La maison possède une structure de pierre à moellons laissée apparente. La maçonnerie qui ne présente aucune détérioration est dite grasse, car les moellons sont noyés dans un mortier de chaux. Le secteur de Saint-Luc compte peu de structures semblables. Les murs ont un très léger fruit – diminution de l’épaisseur des murs à leur sommet pour des raisons techniques. L’exhaussement de la cave et celui du rez-de-chaussée constituent des apports du néoclassicisme au cottage rustique, alors que le prolongement de la toiture au-dessus de la galerie est un apport du courant pittoresque. La toiture est recouverte de tôle traditionnelle. La porte de bois surmontée d’une imposte vitrée et les fenêtres à battants à petits carreaux ont été conservées. Les baies à petits carreaux sont typiques des édifices du XVIIIe siècle et du début du siècle suivant, elles sont remplacées par des baies à grands carreaux par la suite. Le programme décoratif se limite à des bandeaux de pierre autour des ouvertures.
La propriété possède une valeur patrimoniale supérieure pour plusieurs raisons. Elle se classe d’abord parmi les plus vieux bâtiments du secteur de Saint-Luc. Elle illustre la transformation de la tradition architecturale québécoise au contact de modes venues de la Grande-Bretagne. Si l’architecture vernaculaire subit peu de modifications à la Conquête, au début du XIXe siècle l’influence des occupants commence à se faire sentir. Par ailleurs, la demeure conserve une parfaite intégrité matérielle et formelle.