La résidence sise au 83, boulevard des Érables aurait été bâtie vers 1883. Le boulevard des Érables comporte plusieurs luxueuses propriétés érigées de part et d’autre de ses majestueuses allées d’érables matures. L’ornementation élaborée et la complexité du plan rattachent ce bâtiment au courant appelé éclectisme victorien. Ce courant apparaît vers 1860 et combine divers apports stylistiques comme le classicisme, le gothique et le néo-Queen Anne. La demeure se compose d’un corps de logis de plan rectangulaire à deux étages et demi, d’un avant-corps arrondi dans la partie gauche, d’une tourelle d’angle à droite, de volumes annexes à droite, d’une galerie, d’une terrasse, d’une lucarne à croupe et de chatières. Les chatières rappellent les lucarnes de l’architecte étasunien Richardson.

Cette propriété du boulevard des Érables conserve une excellente intégrité matérielle et formelle. Son parement se constitue de briques peintes en blanc au rez-de-chaussée, et de bardeaux de bois aux pureaux taillés en écaille à l’étage. La mixité du parement se rencontre fréquemment dans l’architecture néo-Queen Anne. Les bardeaux de la tourelle sont taillés de manière différente. La porte à panneaux surmontée d’une imposte vitrée et les fenêtres à guillotine à châssis de bois ont été préservées. La tôle de la toiture a été remplacée par des bardeaux d’asphalte. Le programme décoratif des résidences qui s’inscrivent dans le courant de l’éclectisme victorien est habituellement élaboré. Il comprend d’abord un fronton triangulaire placé au-dessus de l’entrée, des colonnes ouvragées, des retours de corniches sur les façades latérales ainsi qu’un crénelage métallique disposé au faîte de la toiture. Il s’agit du seul exemple de ce type de crénelage dans la région d’Iberville. Des frontons arrondis sont disposés au-dessus de certaines fenêtres de la façade latérale droite. La taille des bardeaux de bois renforce le pittoresque de la décoration.

La résidence possède une valeur patrimoniale élevée qui tient à plusieurs facteurs. Parmi les résidences du secteur d’Iberville, c’est le cas le plus achevé d’éclectisme victorien. L’éclectisme se manifeste à la fois dans la décoration et dans le plan qui combine des références variées dont la tourelle qui s’inspire des châteaux de la vallée de la Loire en France. La demeure possède une bonne intégrité matérielle et formelle. Il s’agit d’un bon exemple de villa suburbaine que la bourgeoisie se construit à la fin du XIXe siècle.