Suite à la conflagration de 1876, la ville de Saint-Jean désire se doter d’une caserne de pompier permanente afin de prévenir d’autres sinistres. La caserne de pompier est bâtie en 1876 à l’arrière de l’édifice Place du marché selon les plans de l’architecte F. H. Mailhot. Le bâtiment sert au service des incendies mais aussi à la police, car il comporte des cellules aménagées au sous-sol. La toiture et la décoration rattachent ce bâtiment au style Second Empire qui connaît une certaine vogue au Québec pour les édifices institutionnels et publics. La caserne se compose d’un corps de bâtiment de plan rectangulaire, d’une toiture mansardée percée de lucarnes à fronton arrondi ainsi que d’une tour demi hors-œuvre disposée en façade.
Le bâtiment repose sur un solage de pierre, et il possède une structure de brique rouge-orangé laissée apparente qui compte plusieurs rangs d’épaisseur. Cette technique constructive disparaît à la fin du XIXe siècle, et elle se remarque à l’insertion de rangs de briques posées en boutisse dans l’appareillage. La toiture conserve son recouvrement de tôle à baguettes. La composition de la façade est symétrique, et elle compte une large porte percée au pied de la tour et flanquée de fenêtres de part et d’autre. À l’étage, la composition est répétée par trois fenêtres jumelées. La porte de bois ainsi que les fenêtres à guillotine ont été préservées. Les façades latérales comportent une série de pilastres qui circonscrivent des travées régulières. Les édifices de style Second Empire possèdent généralement une décoration élaborée. L’ornementation comprend des plates-bandes de briques posées en soldat au-dessus des ouvertures en arc surbaissé; un bandeau de pierre qui marque le passage entre les étages en façade; des frontons de pierre au-dessus des fenêtres jumelées; une corniche à modillons et à consoles; des boiseries sur les lucarnes.
L’ancienne caserne de pompier possède une valeur patrimoniale élevée qui tient à ses qualités formelles, à sa position dans la trame urbaine et à son histoire. La caserne constitue un des rares exemples d’architecture publique de style Second Empire à Saint-Jean. L’édifice forme – avec le marché public, le bureau de poste et l’hôtel de ville – le centre civique de Saint-Jean au XIXe siècle. La caserne constitue également une réponse à la grande conflagration de 1876.