L’inauguration d’une première ligne de chemin de fer entre Saint-Jean et La Prairie en 1836 stimule l’économie locale. Elle confirme également Saint-Jean dans son rôle de centre d’échanges entre Montréal et les Etats-Unis. La première gare – construite en bois en 1836 – est remplacée par le bâtiment actuel en 1891. L’architecture de la gare du Canadien National et celle du Canadien Pacifique s’inscrivent dans le courant pittoresque qui connaît une certaine vogue notamment pour les propriétés de villégiature. L’édifice se compose d’un corps de bâtiment de plan rectangulaire à un étage, d’une toiture basse à croupe, de larges avant-toits ainsi que d’une souche de cheminée proéminente.

Dans son ensemble, l’édifice conserve la plupart de ses éléments originaux ce qui lui confère une excellente intégrité matérielle et formelle. Le bâtiment repose sur un solage de pierre, et il possède une structure de brique recouverte par un parement de brique. Cette technique constructive disparaît à la fin du XIXe siècle. Des bardeaux d’asphalte remplacent le recouvrement ancien. Les portes à panneaux surmontées d’impostes cintrées ainsi que les fenêtres à guillotine jumelées ont été préservées. Le programme décoratif est relativement élaboré et compte des éléments rarissimes comme les grosses consoles de bois qui soutiennent l’avant-toit. Il comprend également des plates-bandes de briques posées en soldat au-dessus des ouvertures à arc surbaissé, un bandeau de brique posé à mi-hauteur des murs ainsi que des appuis de pierre sous les fenêtres.

L’ancienne gare qui abrite maintenant le bureau d’information touristique possède une valeur patrimoniale élevée qui tient à la fois à ses qualités formelles, à son histoire et à son état de conservation. Elle constitue un bon exemple d’architecture pittoresque qui date de la fin du XIXe siècle, et elle conserve une grande intégrité matérielle et formelle. Certains détails architecturaux comme les consoles de bois et le bandeau de brique méritent notre attention. De plus, l’édifice évoque l’époque où Saint-Jean sert de plaque tournant au commerce entre Montréal et New York. Le prolongement du chemin de fer met fin à cette période d’activités intenses.