La communauté des Sœurs Grises arrive à Saint-Jean en 1868 afin d’ouvrir un hospice et un jardin d’enfance dans le couvent des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. L’hospice devient l’Hôpital en 1888, et il se situe à proximité du presbytère et de la cathédrale. Bâti en 1847, l’édifice sera considérablement agrandi et remanié en 1889 pour répondre aux besoins croissants de la population. Il arbore alors une architecture de style Second Empire, comme le presbytère voisin, avec de grandes toitures mansardées. Après la Première Guerre mondiale, les locaux se révèlent à nouveau insuffisants et un nouvel hôpital est bâti sur un lot voisin en 1931. L’immeuble accueille également l’école des infirmières qui a été créée en 1922.

Le vieil hôpital et le nouveau forment un immense complexe avant que l’ancienne partie disparaisse et fasse place au nouveau presbytère de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste vers 1954. La Révolution tranquille sonne le glas des communautés hospitalières, car le gouvernement prend en charge la gestion des services de santé. La Congrégation cède l’hôpital à une corporation laïque en 1967. La corporation déménage l’hôpital du Haut-Richelieu sur le boulevard du Séminaire en 1971, et elle cède le bâtiment au Centre d’accueil Georges-Phaneuf.

Situé sur un vaste terrain délimité par les rues Jacques-Cartier Nord et Longueuil, l’immeuble a été bâti en 1931 selon les plans de l’architecte Alphonse Piché qui a conçu la plupart des établissements montréalais appartenant aux Sœurs Grises dans le premier quart du XXe siècle. L’hôpital s’inscrit dans le courant de l’architecture rationaliste de facture ornementée. Ce courant propose une simplification des formes et une rationalisation de la construction afin de produire des bâtiments économiques et rapides à ériger. L’hôpital adopte un plan en « L » constitué de deux longues ailes étroites. Il compte cinq étages et une toiture plate. Le traitement ornementé des élévations met en relief la structure interne. Il se compose d’un jeu de pilastres et de bandeaux de pierre de facture classique qui se croisent à angle droit et qui correspondent aux poteaux et aux poutres d’acier de la structure. La rencontre des pilastres et des bandeaux forme des modules réguliers percés d’une grande fenêtre entourée d’un parement de pierre. Les élévations de la cour intérieure se composent de galeries superposées. Le programme décoratif se compose d’éléments de pierre. Il comprend des pilastres et des bandeaux de pierre, des chaînages d’angle, des chambranles autour des ouvertures et une corniche.

L’ancien hôpital des Sœurs Grises possède une valeur patrimoniale supérieure en raison de son excellente intégrité matérielle et formelle, de ses qualités formelles ainsi que de son histoire. Il conserve la plupart de ses éléments originaux et témoigne du rôle de la communauté des Sœurs Grises dans le développement des services de santé dans la ville de Saint-Jean. De plus, il compte une grande qualité formelle en ce qui a trait au jeu des pilastres et des bandeaux qui mettent en relief la structure interne de l’édifice.