Jusqu’au début du XIXe siècle, il n’existe aucune paroisse catholique entre Saint-Luc et la frontière américaine. Les résidents d’Iberville, alors appelé seigneurie de Bleury, doivent traverser le Richelieu pour assister au Saint Office. Cette situation n’est pas exceptionnelle. Les administrateurs anglais qui sont de religion anglicane reconnaissent les paroisses catholiques existantes, mais ils empêchent la création de nouvelles dans les territoires de colonisation récente. En 1821, la mission Saint-Athanase – nommée ainsi en l’honneur d’un des docteurs de l’Église catholique – est créée et une première église ainsi qu’un presbytère de bois sont érigés à l’emplacement approximatif du temple actuel. L’église est bénie en 1823 et dessert les riverains. Comme la population de la seigneurie de Bleury qui est devenue Christieville augmente, l’église est remplacée par une construction de pierre qui brûlera en 1912. L’architecte de Montréal Alphonse Venne est alors chargé de dessiner les plans de la troisième église. Bien connu pour ses églises dont celle de Saint-Stanislas-Kostka à Montréal, Venne doit tracer un plan en réutilisant les murs de maçonnerie de la seconde église. Venne ajoute une charpente d’acier à la vieille structure de pierre.

Pour l’église Saint-Athanase, Venne opte pour le plan traditionnel dit en croix latine. Le temple se compose d’une grande nef sans bas-côté, d’un transept, d’une abside semi-circulaire plus étroite que le vaisseau et d’une sacristie installée au chevet. Un passage couvert extérieur relie la sacristie aux bras du transept. Venne redessine la façade de l’église, alors que les façades latérales sont réutilisées avec des interventions mineures. La façade comporte un parement mixte de pierre de taille et de pierre à bossage. Elle repose sur un soubassement de granit noir. La pierre à moellons de la vieille structure est laissée apparente sur les façades latérales. De la tôle traditionnelle recouvre la toiture à deux versants droits. La façade se compose d’une tour centrale demi hors-œuvre et de contreforts à pinacle disposés à chaque extrémité. De plan carré, la tour est surmontée par le clocher et la flèche. Les contreforts sont percés d’oculus à mi-hauteur, alors que l’espace entre les contreforts et la tour comporte de longues fenêtres à ouverture cintrée. Trois fenêtres rectangulaires et une rosace ornent la tour. Un portique à colonnes engagées supporte un fronton brisé où s’élève la statue du saint patron. Une série de petites baies allongées à ouverture cintrée sont disposées sur les façades latérales, alors que les bras du transept comportent des rosaces semblables à celle de la tour.

En ce qui a trait à la typologie formelle, Venne délaisse le style roman de ses réalisations urbaines comme l’église Saint-Stanislas-Kostka. Il cherche à doter l’église Saint-Athanase d’un caractère régionaliste qui s’accorde avec le programme – réutiliser les murs existants – et avec le caractère campagnard d’Iberville au début du XXe siècle. Selon André Laberge, la façade du temple reproduit celle de l’église Congregational de Neugatuck dans le Connecticut. Cette église d’inspiration néo-coloniale est l’œuvre des célèbres architectes McKim, Mead et White.

Dans son ensemble, l’église Saint-Athanase possède une valeur patrimoniale élevée en raison de son histoire, de son emplacement et de ses qualités formelles. Elle s’élève sur le site original de la première église de la région et rappelle l’histoire religieuse d’Iberville. Sans innover, Venne propose une œuvre d’une grande maîtrise. Il réutilise de manière habile les vestiges de la seconde église afin de créer une œuvre originale qui s’intègre parfaitement à son environnement immédiat marqué par la présence du vieux presbytère. L’édifice se trouve dans un parfait état de conservation, et il ne présente aucune altération matérielle ou formelle.