L’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie représente un monument important de L’Acadie. Construite en 1800-1801, son architecture est véritablement représentative de l’architecture religieuse traditionnelle qui a caractérisé la Nouvelle-France, notamment en raison de son plan à croix latine et à transept peu saillant.
Fondée en 1782, la paroisse Sainte-Marguerite-de-Blairfindie avait originellement pour lieu de culte une chapelle aménagée à l’étage supérieur de l’ancien presbytère. Il fallut attendre le siècle nouveau pour voir s’ériger une église paroissiale, construite sous la direction des maîtres-maçons Odelin et Mailloux ainsi que du charpentier-menuisier Joseph Nolette. Le plan en croix latine de l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie s’inscrit dans la tradition : il possède une nef plus large que le chœur, ce qui permet de loger des chapelles latérales, un transept de petites dimensions avec chapelles latérales ainsi qu’une abside en hémicycle. Dans le prolongement du chœur se trouve la sacristie; de plan carré à l’origine, un agrandissement survenu en 1847 l’a allongée.
Érigée en pierre à moellons, l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie possède une architecture relativement sobre. La composition de la façade est simple : au premier niveau se situe le portail principal, flanqué de part et d’autre d’une entrée latérale. Le second niveau possède deux fenêtres en arc en plein cintre encadrant une niche de dimensions plus petites, laquelle est surmontée d’un oculus. Ces ouvertures permettent l’éclairage intérieur de l’église, notamment la tribune d’orgue. La façade de l’église est terminée par un clocher octogonal à base carrée; ce dernier est formé de deux lanternons surmontés d’une flèche. Quant aux façades latérales, elles sont percées chacune de quatre fenêtres en arc en plein cintre. De facture sobre, l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie possède pour seuls ornements, outre le clocher et la niche, des chaînages d’angle et des encadrements d’ouvertures réalisés en pierre de taille.
La décoration intérieure de l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie contraste quelque peu avec la sobriété de son architecture extérieure. En effet, elle possède un décor sculpté réalisé par des artisans influencés par l’esthétique de Louis-Amable Quévillon, artiste qui a entre autres réalisé la voûte de la basilique Notre-Dame de Montréal. Ces trois artisans sont Georges Finsterer et son fils Louis-Daniel Finsterer ainsi que Jean-Baptiste Mailloux. C’est à Finsterer père que l’on doit entre autres la charpenterie intérieure, le maître-autel et la chaire; à son fils, le travail de la voûte, de la corniche et le retable et enfin, à Mailloux, les panneaux Louis XV du sanctuaire et les pilastres qui les encadrent. Par ailleurs, l’église compte d’autres éléments décoratifs parmi ses richesses, dont des tableaux. On en retrouve deux du peintre Louis Dulongpré et quatre du peintre Yves Tessier dont Saint-Augustin guérissant un malade et la Vision de saint Jérôme.
L’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie est située au cœur d’un ensemble architectural exceptionnel, avec lequel elle entretient une relation privilégiée. D’une part, avec le presbytère grâce à un passage couvert en pierre, qui constitue la marque originale de l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie. Ce dernier permet aux fidèles de circuler de l’église à la sacristie sans avoir à sortir à l’extérieur ou à pénétrer dans le chœur. Il donne également accès au presbytère. Il a été construit la même année que le presbytère actuel, soit en 1822. D’autre part, l’église est en relation directe avec son cimetière, qui était délimité à l’origine par un enclos paroissial. Aussi, non loin de l’église, plus précisément à côté du presbytère, se trouve une ancienne école ayant également servi de maison du sacristain.
L’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie jouit d’un environnement patrimonial riche et fait partie d’un ensemble unique. Classée monument historique en 1957 et bénéficiant d’une aire de protection depuis 1976, elle a été restaurée et la protection dont elle jouit actuellement assure sa mise en valeur pour plusieurs années encore. Point de départ du circuit patrimonial de L’Acadie, la fierté de ses citoyens garantit une longue vie à ce lieu de culte remarquable.