Le territoire d’Iberville a été concédé à Charles et Clément Sabrevois de Bleury, en 1733. À la Conquête, les Sabrevois de Bleury vendent le territoire d’Iberville à Gabriel Christie et à Moses Hazen. Les deux associés se partagent le territoire en 1770, et vingt ans plus tard Christie rachète la part de Hazen après qu’il eut fait faillite. La seigneurie demeure entre les mains de la famille Christie jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le Manoir a été construit tardivement pour William Plenderleath Christie entre 1835 et 1842 en bordure du Richelieu. La symétrie de la composition de la façade, l’ordonnance régulière des ouvertures et la monumentalité rattachent la propriété au style palladien. Ce courant connaît une certaine vogue au Québec au début du XIXe siècle, et il constitue la première manifestation du néoclassicisme dans la province. La résidence se compose d’un corps de logis à deux étages et demi de plan rectangulaire; d’une toiture à deux versants droits; de trois lucarnes à fronton brisé; d’un porche à fronton brisé; de deux souches de cheminée distribuées symétriquement de part et d’autre d’une tour carrée; de parties annexes disposées à l’arrière du corps de logis. La tour carrée disposée au centre de la toiture sert de belvédère, et elle rappelle les constructions de style néo-italien.

Au cours de son histoire, la demeure change de main à plusieurs reprises mais subit un nombre limité de modifications. Acquise par la famille Baillargeon dans les années 1990, la propriété a été restaurée avec soin. Le programme décoratif se veut sobre, voire sévère. Il comprend une corniche à modillons, des retours de corniche sur les façades latérales et des volets. Des montants sculptés et des frontons brisés ornent les lucarnes.

Le Manoir Christie possède une valeur patrimoniale exceptionnelle en raison de ses qualités formelles, de son histoire et de son état de conservation. Il s’agit du meilleur exemple d’architecture palladienne du Haut-Richelieu. La résidence illustre la pénétration d’une mode d’habitation étasunienne – la maison georgienne – avec l’arrivée des loyalistes à la fin du XVIIIe siècle. Le Manoir s’inscrit également dans l’histoire seigneuriale d’Iberville. Il est un des derniers témoins matériels de cette époque avec le presbytère de l’église Saint-Athanase et la maison du percepteur. La propriété évoque la présence des seigneurs Christie qui ont dirigé la destinée d’Iberville entre la Conquête et le milieu du siècle suivant. De plus, le Manoir conserve tous ses éléments originaux et a été restauré avec un grand souci d’authenticité historique.

Caractéristiques

Usage: résidentiel
Style: Néo-grec
Année de construction: 1840

Sources

COMMISSION DES BIENS CULTURELS. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Québec, Les Publications du Québec, 1991, Tome II, p. 313.

FORTIN, Réal. Architecture encyclopédique du Haut-Richelieu. Saint-Jean-sur-Richelieu, Musée historique du Haut-Richelieu, 1980.

GAUTHIER, Raymonde. Les manoirs du Québec. Québec, Éditeur officiel du Québec / Fides, 1975. Collection : Loisirs et culture, p. 82-83.