Au milieu du XIXe siècle, le gouvernement divise la province du Bas-Canada en 21 districts et confie la réalisation des palais de justice à l’architecte en chef du département des travaux publics. Le Palais de justice de Saint-Jean a été construit en 1859 selon les plans de l’architecte F. P. Rubidge, puis il a été rénové en 1936 par l’architecte G. R. Morin. La composition symétrique de la façade et l’utilisation du grand fronton rattachent cet édifice au courant néoclassique. Il se compose d’un avant-corps central à deux étages couronné par un grand fronton triangulaire, de deux ailes à toiture pavillonaire bâties en retrait par rapport à l’avant-corps puis de deux autres ailes.
Le bâtiment sert encore de palais de justice. L’authenticité matérielle est excellente, car l’immeuble conserve tous ses éléments originaux en ce qui a trait au parement et à l’ornementation. L’édifice repose sur un solage de pierre et possède une structure portante en pierre à moellons qui a été parée de pierre de taille. Du cuivre recouvre la toiture originale, alors que les nouvelles parties à toiture plate possèdent un recouvrement de goudron et de gravier. Les portes et les fenêtres originales ont été préservées. Elles respectent l’ordonnance régulière et la symétrie de la composition originale. L’avant-corps comprend une porte centrale flanquée de fenêtres de part et d’autre au rez-de-chaussée, alors que la composition est reprise à l’étage par trois fenêtres à arc en plein cintre. Comme l’avant-corps, les ailes comportent trois travées régulières. Le programme décoratif est sobre. Il comprend d’abord un grand fronton triangulaire, un bandeau de pierre qui marque le passage entre les étages, des chaînages d’angle ainsi que des chambranles de pierre autour des fenêtres de l’avant-corps. La porte compte également un chambranle constitué d’un entablement soutenu par des consoles de pierre.
Le palais de justice possède une valeur patrimoniale exceptionnelle. Il constitue un des meilleurs exemples d’architecture néoclassique en pierre de Saint-Jean, car la plupart des autres exemples sont en brique. Le bâtiment conserve sa vocation originale, et il possède une excellente authenticité matérielle. Avec l’hôtel de ville, la caserne de pompier, l’édifice du marché, il forme le centre civique de Saint-Jean au XIXe siècle. En terminant, il y a lieu de signaler l’environnement naturel de qualité du palais de justice.