Érigée en 1826 par Mgr Panet, la paroisse de Saint-Jean-l’Évangéliste se dote d’une église en pierre (1828) puis d’un presbytère (1830) qui sert aussi de salle communautaire. Afin de répondre aux besoins de la collectivité, un nouveau presbytère est bâti en 1881 sur la rue Jacques-Cartier Nord. L’immeuble accueille les bureaux de l’évêché de Saint-Jean entre 1934 à 1969, alors qu’une nouvelle maison curiale est érigée par Félix Racicot sur la rue Longueuil entre 1955 et 1957. Le bâtiment abrite ensuite la Congrégation de Notre-Dame et les bureaux des Centres de services sociaux. Il est acquis en 1993 par une firme privée qui le convertit en centre d’hébergement pour personnes âgées sous le nom de centre Mgr-Forget.

L’architecte de l’ancien presbytère a adopté le style Second Empire. Ce courant s’inspire des édifices publics construits en France sous le règne de Napoléon III, et il connaît une certaine vogue aux Etats-Unis et au Canada au cours du dernier quart du XIXe siècle. À l’origine, l’immeuble se composait d’un corps de logis de plan rectangulaire de trois étages qui correspond à la partie centrale de l’édifice actuel. L’édifice était muni d’une toiture mansardée, de lucarnes à fronton arrondi, de deux avancées qui encadrent un escalier monumental menant à l’entrée principale surmontée d’un balcon ainsi que d’une série d’oriels. Situé au centre de la parcelle, le presbytère était relié à l’église par un petit couloir fermé, appelé chemin couvert. Dans les années 1910 ou 1920, des ailes sont venues prolonger le corps de logis original de part et d’autre en reprenant le même style architectural qui favorise leur intégration architecturale. Le bâtiment ainsi agrandi forme un ensemble monumental.

Les changements successifs de vocations du bâtiment – presbytère, évêché, couvent, bureaux puis centre d’accueil – n’ont pas trop affecté l’intégrité formelle de la façade. Le bâtiment repose sur un solage de pierre et possède un parement mixte de pierre de taille au fini lisse et à bossage. La toiture est recouverte de tôle en plaque. La porte double surmontée d’une imposte vitrée de l’entrée a été préservée. Les fenêtres à guillotine ne sont pas originales, mais elles respectent l’ordonnance et les dimensions des anciennes baies. La composition de la façade est élaborée : soubassement, étage noble et couronnement. Deux avancées soulignent l’entrée et marquent le centre du bâtiment. Le programme décoratif puise à la fois au répertoire classique et victorien. Il comprend des chambranles autour des ouvertures, des chaînages d’angles, une corniche moulurée et un fronton de pierre qui surmonte le balcon. Des appliquées et des épis ornent les deux avancées centrales.

L’ancien presbytère possède une valeur patrimoniale supérieure. Avec la cathédrale, l’hôtel de ville, l’édifice du marché et la caserne de pompiers, il définit le centre civique de Saint-Jean au tournant du XXe siècle. L’ancien presbytère constitue un bon exemple d’architecture institutionnelle de style Second Empire à l’ornementation élaborée qui a été bien préservé. De plus, il évoque l’histoire de l’évêché de Saint-Jean-sur-Richelieu déménagé à Longueuil en 1969.