Le grand incendie de 1876 détruit la rue Richelieu ainsi que le côté est de la rue Champlain. Les autorités municipales et les marchands confient aux architectes de Montréal Resther & Roy la reconstruction des édifices de la rue Richelieu. Les architectes proposent un alignement continu d’édifices commerciaux qui forment de ces suites auxquelles on attribue des noms. Le rez-de-chaussée des suites se compose de magasins aux grandes vitrines commerciales surmontées par des auvents amovibles de toiles rayées alors que les étages abritent des logements. L’immeuble sis au 189-199, rue Richelieu aurait été bâti peu après l’incendie de 1876 et abrite trois magasins. Au début du XXe siècle, le bâtiment comprend une succursale de la Banque nationale et du Canadian Pacifique. L’édifice s’inscrit dans le courant architectural appelé rationalisme de facture ornementée. Ce courant propose des bâtiments à la volumétrie simple de construction rapide qui servent fréquemment d’édifices commerciaux. L’immeuble se compose d’un corps de bâtiment de plan rectangulaire à trois étages, d’une toiture plate ainsi que d’un fronton qui couronne la section centrale de la suite qui est légèrement en saillie. La section centrale compte quatre travées tandis que les sections latérales en comptent trois.

La conservation des immeubles commerciaux de la fin du XIXe siècle pose souvent problème, car l’aménagement des rez-de-chaussée est souvent refait sans égard pour l’âge ou pour l’unité d’ensemble de l’édifice. Le bâtiment de la rue Richelieu ne fait pas exception. Les devantures sont dissemblables et emploient des éléments architecturaux de facture trop contemporaine. Nous conseillons de revenir à des aménagements commerciaux traditionnels et d’unifier les éléments architecturaux (parements, corniches, fenêtres et portes). Aux étages, la façade a subi un nombre limité de transformations. Elle comporte un parement de brique ainsi que des fenêtres à guillotine à châssis d’aluminium. Les nouvelles baies respectent l’ordonnance et les dimensions des ouvertures originales. Le programme décoratif se concentre sur le couronnement. Il comprend une corniche à modillons et à caissons, un grand fronton ainsi que de petits frontons disposés au-dessus des fenêtres.

L’immeuble de la rue Richelieu possède un potentiel patrimonial moyen. Il nécessite plusieurs rénovations afin de redonner un meilleur effet d’unité à l’ensemble. Des interventions majeures seront nécessaires en ce qui a trait aux aménagements commerciaux du rez-de-chaussée, car ils ont subi plusieurs modifications regrettables.