La résidence sise au 86-88, rue Saint-Charles aurait été construite vers 1875 et abrite deux logements. Le bâtiment témoigne de la rencontre de deux influences stylistiques : l’architecture néoclassique en ce qui a trait au grand corps de logis de brique, et les modes victoriennes pour le plan en « L » trapu et le pignon tourné vers la rue. L’édifice se compose d’un corps de logis à deux étages en demi, d’une haute toiture à deux versants droits ainsi que de deux porches qui donnent accès aux logements.

Dans son ensemble, la propriété de la rue Saint-Charles possède une excellente intégrité formelle. Le bâtiment repose sur un solage de pierre, et il possède une structure de brique rouge laissée apparente qui compte plusieurs rangs d’épaisseur. Cette technique constructive disparaît à la fin du XIXe siècle, et elle se remarque à l’insertion de rangs de briques posées en boutisse dans l’appareillage. La toiture est recouverte de bardeaux d’asphalte. Des impostes vitrées surmontent les portes d’aluminium de facture contemporaine. Les fenêtres ont été changées, mais elles respectent l’ordonnance et les dimensions des baies anciennes. Le programme décoratif des édifices néoclassiques se veut sobre. Il comprend d’abord des plates-bandes de briques posées en soldat au-dessus des ouvertures, des chambranles autour des portes ainsi que des colonnes ouvragées qui soutiennent la toiture des porches.

La résidence possède une bonne valeur patrimoniale. Elle illustre la rencontre d’influences stylistiques contradictoires et l’apparition de formes nouvelles dans l’architecture de Saint-Jean au cours du dernier quart du XIXe siècle. Jusqu’alors, les édifices néoclassiques en brique dominent le paysage bâti du Vieux Saint-Jean.